golfe de gascogne sous spi

golfe de gascogne sous spi

dimanche 8 février 2015

14eme jour: hallucinations

Au petit matin de ce 14eme jour, le ciel est déjà très chargé et les algues sont toujours présentes mais moins dense. Toutes la journée, on va être dans des grains avec des pluies assez fortes. A la première pluie, nous sommes tout content de pouvoir nous rincer et mouiller nos vêtements pour nous rafraîchir. Car le matin, nous avons le soleil de l'arrière (normal,on fonce plein ouest) et pas moyen de se protéger autrement que par des chapeaux, chemises à manches longues et pantalons clairs. Lorsque la 2 eme pluie arrive, nous ne sommes toujours pas sec de la précédente. En fait, pendant les 2 jours, la pluie va être de plus en plus intense et continue et l'on aura plus rien de sec à se mettre. Même les cirés seront complètement trempés. Ce que nous pensions être des grains sera en fait un énorme front orageux de près de 100NM de large et plus de 200NM de long. Impossible d'en sortir, nous sommes pris au piège d'un système de vent aléatoire qui ne nous laissera pas 1mn de repos d'autant plus que nous n'avons plus de girouette ni anémomètre ni donc de pilote automatique en mode vent. Par moment, nous avons l'impression d'être seul au milieu d'un nuage limité par la mer. Notre visibilité limitée à 1/2 mile est identique sur 360 degrés. Seuls dans un monde de 1/2 mile de diamètre qui se déplace avec nous. On n'arrête pas de faire des manœuvres pour adapter le bateau à ces conditions changeantes. On passe de la pétole au grain. Tous les spi passent en revue. Tous les ris sont pris et enlevés. Pour la première fois depuis le début de la course, on ne dînera pas ensemble sur le pont. Il pleut tellement fort que Franck mangera rapidement sa gamelle préparée par JeanPaul à côté de la barre en cirée avec 3 couches dessous. Tard dans cette première nuit, nous finissons par se mettre en quart. Les conditions sont tellement difficiles que nous décidons de faire des quarts de 1 heure. Franck prend le 1er quart vers minuit heure locale. Le temps est exécrable, nous sommes sous grand spi avec 1 ris pour limiter le risque de cocotier. Aucun repère de vent. Heureusement, JeanPaul a l'idée d'installer un fanion sur chaque hauban, à l'ancienne comme sur nos 470, pour nous indiquer la direction du vent. Ils seront d'une aide fondamentale car nous sommes à la limite de l'empannage et il est très difficile de savoir si on ne va pas se prendre la bôme ou le spi à l'envers. La fatigue est telle et le niveau de surveillance demandé est tel que Franck découvre ce que sont des hallucinations. Lors de son court quart de 1 heure qui semble être une éternité, le coté droit du hauban devient comme un écran de TV qui défile des images de BD. Quand la tête tombe sur le pont la dure réalité du spi qui risque de cocoter nécessite un coup de barre dans le bon sens. C'est un miracle si Franck a pu tenir le bateau sans problème ainsi pendant 1 heure. Le quart d'après, JeanPaul qui dormait dans les voiles en ciré prend la suite rapidement. Je ne sais pas combien de temps je suis resté assoupi dans les voile en ciré a la place de JeanPaul, mais quand JeanPaul m'appelle pour l'aider sur le pont, le grand spi est pris dans la barre de flèche sous le vent. Un grain plus fort qu'un autre? Une barre un peu trop tirée ou poussée. Bref, il y a urgence, il faut affaler. Impossible de décrocher le spi de la barre de flèche. On est obligé de tirer dessus jusqu'au déchirement tout le long de la bordure. JeanPaul re prépare immédiatement notre dernier spi survivant pour le lancer. Là, Franck, qui avait vu défilé tous les personnages des BD dans son quart précédent, ne se sent pas capable de renouveler l'exploit de garder le dernier spi intact pendant son quart. On décide donc de mettre la pédale douce et d'aller se reposer le reste de la nuit en mettant le foc à l'avant. Les conditions sont tellement variables que l'on a plus à perdre (le dernier spi) qu'à gagner. Au petit matin de cette 14 eme journée, on a perdu 3 places pour être maintenant 13eme au classement.

JeanPaul et Franck

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire